Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
Comme tout le monde

timent, elle éclata soudain d’un rire court qui sonna comme un sanglot.

Elle venait de se souvenir de cet épisode de son enfance, raconté si souvent, autrefois, à Léon inattentif : la boîte des « tortillons anglais », et sa mère, fâchée sans qu’on sût pourquoi, lui montrant les bonbons appétissants, lui répétant sur un ton de nargue : « Tu les vois, n’est-ce pas ?… Eh bien, tu n’en auras pas !… Ça te passera sous le nez ! »

Isabelle fond tout à coup en larmes. Elle a tiré son mouchoir, y enfouit sa pauvre figure vieillie. Et, tandis que le train la secoue contre les maigres capitons des secondes classes, elle se répète, en pleurant tout haut, cette petite phrase lamentable et ridicule :

— Oui, ces tortillons anglais qui m’ont passé sous le nez… c’était toute mon histoire, ça… toute mon histoire !…