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Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/274

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Comme tout le monde

Puis :

Mercredi… N’est-ce pas un mercredi que j’ai rencontré, deux semaines de suite, madame Lautrement ? Et comme elle avait l’air embarrassé !… Aussi embarrassé que Léon à table…

Isabelle, la bouche ouverte, reste assise dans son lit. Son esprit flotte. Elle n’ose pas encore tourner autour d’un soupçon. Elle hausse les épaules toute seule, bâille, se recouche.

Elle va dormir une heure encore. Le sommeil est une mort sans éternité dans le tombeau du lit. Isabelle a couché sa tête dans l’oreiller ; mais ses yeux ne se sont pas fermés. Grands ouverts, ils suivent, dans le vide, une imprécise idée. Longtemps elle reste ainsi, pelotonnée sous le drap, la longue mèche fauve et grise de ses cheveux ébouriffée autour de sa figure défraîchie. Et soudain, surprise elle-même de cette hâte, elle bondit hors du lit, impatiente de faire sa toilette, de s’habiller : pour la première fois, depuis deux ans, Isabelle pense à autre chose qu’à son deuil.


— Mais, ma chère petite, elle ne vient presque jamais me voir le mercredi ! Et quand par hasard elle vient, c’est pour regarder sans cesse la pen-