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Comme tout le monde

dos rond dans la camisole blanche, sa natte de nuit entre les épaules, le considère un moment sans parler. La bougie remue doucement. L’ombre d’Isabelle s’applique, géante, mouvante et déformée, au mur de gauche.

Léon, inquiet de ce petit silence, s’est redressé. Le voici, en chemise de nuit, également assis dans le lit, côte à côte avec sa femme. Et, comme il croit que la colère arrange tout, déguise tout, il prend le parti de donner un grand coup de poing sur le lit et de jurer. Léon n’a pas le génie de la ruse. Léon n’est qu’un homme.

— Alors, commence Isabelle d’une petite voix affectée, tu y as été, à ton audience des criées ?… Était-ce pour faire de la dentelle du Puy ?

— Comment ?… dit Léon qui s’étrangle.

— Mais oui, reprend Isabelle. Est-ce que ce n’est pas chez madame Plumecoq que se passe l’audience des criées ?

— Madame Plumecoq ?… répète Léon d’une voix blanche.

— Oui, madame Plumecoq !… poursuit Isabelle. Tu sais, la femme du fossoyeur ?… Celle dont madame Lautrement t’a donné l’adresse ?…

Léon est découvert. Il hésite un instant, reprend sa respiration, et, violemment, avec des coups à tort et à travers sur le lit :