Isabelle, outrée à cette pensée, fait un nouveau bond dans le lit. Plus nerveusement encore, ses mains reprennent le col de la chemise. Et la voici qui, de nouveau, fond en larmes.
— Cinq ans !… À deux pas du cimetière !… Pendant que je pleure !…
— Mais puisqu’il y a cinq ans !… s’égosille Léon…
Il semble que cette longue durée doive amoindrir d’autant la faute.
Il regarde Isabelle qui le regarde ; puis il dit :
— Tu ne pleurais pas, il y a cinq ans !…
— À deux pas du cimetière !… sanglote Isabelle sans rien entendre.
Ni l’un ni l’autre, on dirait, ne lâchera sa rengaine, cette nuit. Les draps bousculés commencent à verser d’un côté du lit. À demi découverts, agités, ressassant tous deux les mêmes paroles, les époux Chardier se fixent, nez à nez, comme une paire de coqs.
La mauvaise lumière vacille autour du couple alité, lui desséché, elle épaissie, tous deux fripés par la vie…
Et, tout à coup, Léon, comme quelqu’un qui se débarrasse enfin d’un poids, avec une espèce de bonheur, le bonheur du reniement et de la lâcheté :
— Ah ! tiens !… J’aime mieux te le dire !… Si tu