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Comme tout le monde

En attendant, une voisine, ancienne bonne à tout faire, la remplacerait de son mieux. Mais elle n’était pas cuisinière et… »

Isabelle frappa du pied. Elle eût voulu, de contrariété, se laisser tomber sur un siège. Mais la chambre était sans meubles comme toute la maison. Seule, l’étude, où Léon s’était si vite réfugié, gardait son ancien matériel, de même qu’elle conservait ses clercs.

Isabelle, colère, bougonnait contre cette femme de ménage qui ne viendrait pas. Puis elle se dit qu’elle allait descendre à l’étude, située en bas, sur la rue, au bout d’un long corridor. Là, peut-être, se sentirait-elle plus au chaud.

Dépaysée, elle tourna plusieurs fois sur elle-même. Elle comprenait que Nancy et la maison de ses beaux-parents avaient été pour elle, quoique piètre, un nid, et qu’elle venait de quitter ce nid, et qu’elle avait froid.

Enfin elle se décida. Elle allait plutôt descendre au jardin. Suivie de la petite bonne au tablier disproportionné, elle prit l’escalier. La petite bonne portait gauchement le bébé trop lourd qui lui tirait les cheveux à poignées, de ses deux petites mains gourdes, aux gestes désarticulés.

La tête d’Isabelle engendrait vertigineusement des réflexions et des pensées qu’elle n’achevait pas.