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Comme tout le monde

qu’inventa la pauvre folie humaine, non plus le couple, seule personne en deux jeunes êtres amoureux, mais le ménage, cette triste paire fanée, dépareillée…

Le petit Louis revint aux vacances de Pâques, dégingandé par son âge, mais toujours joli. Sa présence anima quelque peu le jardin, qui, sous le soleil d’avril, épanouissait sa grâce inutile. Mais il eut avec sa sœur de longues disputes où ces deux petits s’exerçaient inconsciemment à la mesquinerie, à la vulgarité, à la méchanceté conjugales.

Le collégien reparti, Isabelle, un moment distraite, occupée, reprit invectives et taquineries contre son mari, ces scènes, ces phrases toujours les mêmes, où débordait toute sa haine contre la vie et contre la mort.

Et, l’été venant, un soir qu’ils se couchaient, un soir que, par la fenêtre entr’ouverte, la première chaleur pénétrait avec des parfums dans la chambre, comme madame Chardier, plus énervée que d’ordinaire, recommençait l’interminable litanie des griefs, l’avoué, enfin vaincu peut-être, se laissa pour la première fois tomber sur une chaise sans rien répondre.

Il était en caleçon. Il cessa le geste par lequel il délaçait mollement ses souliers. Le dos voûté,