Aller au contenu

Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIV

Trop tard


Isabelle courait presque, à travers les rues du soir, sous la pluie. Une hâte fiévreuse la poussait vers son logis. Il lui semblait qu’il n’était pas possible qu’elle retrouvât sa maison debout, les siens vivants. Sans doute une calamité l’attendait. Le mariage de sa fille était rompu, peut-être ; le petit Louis venait de mourir au lycée ; Léon s’était estropié en tombant dans les escaliers.

C’est qu’Isabelle sortait de sa conversation sanglotante avec la malheureuse femme du comptable comme d’un rêve monstrueux.

Certes, elle avait fait de son mieux pour consoler, pour aider l’affligée. Mais, en réalité, c’était l’autre qui, sans le savoir, l’avait consolée, aidée, — sauvée.

Depuis deux heures, Isabelle Chardier savait