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Comme tout le monde

Modeste vint, en roulant sur ses hanches à la Rubens, lui ouvrir la porte. Isabelle eut envie de l’embrasser. Elle demanda, frémissante, joyeuse :

— Tout va bien, à la maison ?

— Mais oui, madame !… fît la grosse fille étonnée.

Isabelle est déjà loin. Elle court à la salle à manger, se jette sur la porte, entre.

Léon et Zozo, debout l’un en face de l’autre, sont là, qui se regardent, pâles de rage tous les deux.

— Enfin la voilà !… dit Zozo les dents serrées.

Elle court à sa mère. Ses paroles saccadées tremblent sur ses lèvres :

— Maman !… Papa vient de me gifler !… Je veux m’en aller d’ici !… Je veux quitter la maison !…

— Écoutez !… Écoutez !… crie Isabelle d’une voix inconnue, d’une voix ardente de Précurseur, si vous saviez !… J’arrive de l’hôpital ! J’ai vu…

— Qu’est-ce que ça nous fait, l’hôpital !… s’exclame Zozo. Je te dis qu’il m’a giflée et que je ne le supporterai pas !

Léon l’interrompit violemment :

— Elle m’a insulté !… Je ne tolérerai pas ça tant qu’elle sera chez moi !… Je veux qu’on me respecte chez moi !… Entendez-vous, toutes les deux !

Zozo parle en même temps que lui, Isabelle aussi. Mais sa voix d’homme, plus forte, domine le bruit :