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Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/53

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Comme tout le monde

Isabelle, qui chantait au piano, se précipite au bruit. La petite bonne crie en se tenant le pied. La petite bonne s’est démis le gros orteil.

On fait venir Tisserand. Le pouce est remis séance tenante, mais le docteur ordonne huit jours de repos absolu. Et, comme un ennui ne vient jamais seul, la femme de ménage, qui faisait tant bien que mal la cuisine depuis l’arrivée, annonce le lendemain qu’elle ne peut rester plus longtemps, étant réclamée ailleurs.

Le fameux cordon bleu promis par Léon n’est toujours pas libre. Isabelle court chez les fournisseurs. On lui procure avec peine une fille qui fait « les extras » dans les maisons bourgeoises. Mais celle-là connaît encore moins les fourneaux que la précédente.

Vous voyez le nouveau désarroi de la maison. Plus de piano, plus de promenade. Isabelle, le bras chargé tout le jour du lourd petit lion, assourdie par la turbulente Zozo, doit, de plus, faire le ménage et surveiller les casseroles où l’« extra » cuisine les mets les plus imprévus. N’a-t-elle pas, hier, apporté sur la table du déjeuner une omelette tellement bourrée de fines herbes et si plate qu’on la prit d’abord pour une feuille de chou ?

La Parfaite Ménagère, livre graisseux, est fiévreusement consultée. Isabelle, recouverte du