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Comme tout le monde

importantes personnes qui peuvent rapporter à l’étude beaucoup d’argent.

C’est la première grande affaire d’Isabelle. Elle en est affolée dix jours à l’avance. Elle a commandé chez le pâtissier Belamour, bon faiseur de la ville, certains plats raffinés, et aussi les entremets et les petits fours. Elle a fait venir « le serveur », larbin de louage, personnage sans concurrent, qui reparaît, plein de morgue, dans tous les grands dîners de la ville. Elle a emprunté à la bonne madame Chanduis quelque argenterie et quelque verrerie de luxe qui lui manquaient.

Le menu, discuté tout un soir, comprend plus de huit plats, quatre sortes de vins et du champagne. Depuis huit jours, on en répète tant de fois la teneur dans la maison que Zozo elle-même peut le réciter par cœur au petit lion.

Pourtant Zozo n’assistera pas au dîner des notaires. Mais comme on lui a promis de la langouste, du pain de lièvre et de la glace, elle s’est consolée facilement.

Cependant, le grand jour étant venu, Isabelle, qui n’a pas dormi de la nuit, voit avec effroi l’heure du dîner approcher et les quatre messieurs notaires apparaître au salon, alors que la langouste commandée chez Belamour n’arrive pas. Angoisses cachées !