L’aurore couleur d’abricot,
Le midi, le couchant, la lune ronde et haute
Sur ces forêts où, côte à côte,
Nous vivions glorieux, seuls avec notre écho ;
Les soirs d’immense rêverie
Sur le plus haut des monts du pays vert et roux,
Lorsque, du fond de l’Algérie,
Les sommets successifs déferlaient contre nous ;
Tout cela qui berçait notre vie ineffable,
Pour un moment, en moi, fut comme n’étant plus.
Le jour que, sans savoir, nous sommes descendus
À Tabarka, ville marine dans le sable,
Parce que la mer s’y répand
Verte, lumineuse et foncée,
Et qu’au cœur du large bleu-paon,
Toute mon âme s’est en silence élancée
Vers plus loin, vers plus beau, vers plus pur, vers plus grand,
Où nous n’atteindrons pas, même par la pensée…