Page:Delarue-Madrus - La Figure de proue.djvu/163

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En partance

Pourquoi prétendaient-ils qu’on n’arrive jamais ?
Le voyage pour moi n’est pas ce grand mensonge.
Chaque nouveau pays est celui que j’aimais,
Je reconnais partout la couleur de mes songes.

Quand le sifflet des trains m’a lézardé le cœur,
Je me sentais sortir de moi par tous les pores.
Les bateaux ont crié ma joie et ma douleur
D’océans inconnus et de nouvelles flores.

Que si parfois je perds de moi-même, en passant,
Comme un agneau sa laine aux ronces acérées,
Le large étonnement des terres ignorées
Me refera peut-être un regard innocent.


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