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Fumerie d’été

I

La maison est obscure au fond de la chaleur.
Comme, profondément, je respire l’étoile
De tabac, l’existence est à travers un voile,
Hormis l’étoile en feu qui ravage mon cœur.

Je suis d’avance mûre en longs plis. Je possède
Des sens orientaux rêvés par l’Occident.
Dans ma bouche, déjà, la mort montre les dents,
Mais l’été m’engourdit d’un bercement si tiède !

C’est l’absence. Ce sont les jours coloniaux.
On ne pourra jamais revenir de ces choses ;
On est la cantharide ivre au creux d’une rose…
Au retour, nous serons étrangers jusqu’aux os.


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