Page:Delarue-Madrus - La Figure de proue.djvu/67

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Ramadan

Nous respirions la nuit de rose et de gingembre
Et les cires en pleurs des chandelles fondant,
Quand, nuageuse un peu par le vent de novembre,
Flottait, pleine, la lune, au ciel du Ramadan.

Nous aimions qu’insistât si fort une flûte aigre
Et les coups indécents du contretemps d’ici ;
Ombre portée au mur, nous aimions les deux nègres
Compositeurs, forgeant tout ce tapage-ci,

Karakouz, papillon de nuit, ombre chinoise
Se démenant au fond de son théâtre étroit,
Jetant autour de lui, selon ce qu’il dégoise,
Une profusion de rires ou d’effroi.


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