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Au Palais du frère du Dey

        Au palais du frère du Dey,
Comme nous regardions par les fenêtres sombres
Descendre vers la mer les jardins rayés d’ombres,
Nous sentions le présent peu à peu s’éluder.
Un fantôme rôdait, de songe et de science,
Et le marbre, le bois, les ors et la faïence
Étaient autour de nous, à jamais possédés.

        Par ces splendeurs mahométanes,
Ainsi, dans ce palais, la nostalgique Alger
Persistait, comme, assise en colliers d’oranger,
Une dernière, molle et fatale sultane ;
Et, le long des bassins et colonnes des cours,
Nous cherchions cette perle humaine d’anciens jours,
Sous le feuillage large où naissent les bananes.


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