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Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/112

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» Partout se dresse en moi ta suprême pensée.
» C’est toi qu’en toute chose étreint ma passion.
» L’amour même me montre, aux faces renversées
» Des femmes, ta tragique et pure expression.

» Sans toi rien ne me plaît, sans toi rien ne m’étonne :
» Rythmes, parfums, couleurs, paroles ou contours
» Te doivent le trésor de ne durer qu’un jour,
» C’est ton enchantement qui ravage l’automne.

» Ah ! je te cherche dans l’automne ! Les chemins
» Abandonnés me voient étreindre l’or d’octobre,
» Et c’est toi seule, amante austère, ardente et sobre,
» Qui craques toute avec les feuilles dans mes mains.

» Tu ne trouveras pas d’âme plus amoureuse
» Que la mienne, d’amant plus grave et plus hardi.
» Qui, saurait comme moi t’aimer, Mystérieuse,
» Seule inconnue, ô toi qui n’as encor rien dit ?… »

— Elle a repris : « Regarde encor mon spectre insigne,
» Car je m’éloigne avec un doigt contre les dents.
» T’impose-je silence ou bien te fais-je signe ?
» Cherche le sens du geste, ironique ou prudent ! »