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Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/147

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OMBRE


J’ai délivré mon cœur de tout ce qui l’encombre.
Me voici seule avec mon rêve et ma raison.
La nuit tombe. J’attends au fond de ma maison
Que vienne l’ange noir de l’ombre.

Les feuilles du dehors, en ombre, vont entrer
Jusqu’à moi. Je verrai la lune derrière elles.
Elle les poussera de toute sa clarté,
Elles vont frissonner sur moi comme des ailes.

Un jardin noir dansera sur mes murs
Au rythme du vent dans les branches ;
Et je verrai rôder doucement mes mains blanches
Dans le palpitement de ce feuillage obscur.