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L’INJUSTICE


Pendant que notre corps et notre âme se donnent
Librement à notre seul homme,
Que pures, fraîches, libres,
Riches du trésor d’être honnêtes,
Nous contentons ainsi le rêve de nos têtes
Et de nos fibres,

Je pense, avec un cœur serré,
À vous qui, malgré vous, faites l’amour, les filles !
À votre pauvre corps de louage qu’on pille,
Et mon être est meurtri des maux que vous souffrez.

Les instincts ont croisé leurs lames de duel :
Le mâle que tourmente une bête cachée
S’approche. On lui vendra le geste naturel.
L’un cherche son plaisir, l’autre cherche son pain,
Chacun sa faim !
C’est la quotidienne bouchée.