Aller au contenu

Page:Delarue-Mardrus - Horizons, 1904.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VIEUX


De pitié, je pourrais pleurer dans l’oreiller,
Certains soirs, quand je pense aux faces apparues,
Des vieilles et des vieux rencontrés par les rues,
Et dont le souvenir me force de veiller.

Sur un trottoir, je croise un petit pas perplexe :
Pour encore un peu vivre on fait un grand effort ;
Homme ou femme, on n’a plus de couleur ni de sexe,
Et, tous, on a déjà pris sa tête de mort.

Rien que ces lâches yeux qui larmoient de vieillesse
Comme ne pouvant plus retenir le chagrin
D’avoir déjà perdu la vie et sa liesse,
— Quelle douleur, malgré cet air souvent serein !