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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/138

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l’hermine passant

jeune femme s’apaiser. La tête enfouie dans ses genoux se relevait peu à peu. Aux dernières paroles, Bertrande, dégagée, se remit enfin debout. Marguerite aussi se leva, le cœur battant à grands coups. Son bras entoura les épaules de celle qu’elle allait serrer contre elle, embrasser comme jamais mère n’embrassa son enfant.

— Et soyez tranquille, ma beauté, je serai toujours là pour vous protéger, vous assister, vous garder de tout mal, vous épargner tous les soucis. Et, ce que vous venez de me confier, je serai fière de le garder pour moi seule, si vous ne voulez pas qu’Édouard soit du secret. Mais il avait deviné comme moi, vous savez ! Nous avons été deux à vous sortir de la nuit, nous serons deux à vous faire oublier votre horrible famille !

Elle avança son visage éperdu d’émotion… et se retrouva les bras vides, muette et déconcertée. Bertrande, d’une seule enjambée, venait de s’éloigner d’elle.

La petite voix froide s’éleva :

— Vous permettez que j’aille me baigner les yeux ?…

Et, sans attendre la réponse, la jeune