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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/33

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l’hermine passant

ment. Quant à la boîte aux lettres, c’est le problème. Je ne vais jamais au village, quand par hasard j’y vais, que suivie de Marie-Louise, puisque nous ne devons pas sortir l’une sans l’autre. Je ne peux pas songer à Nanon ou à son mari. Ils seraient les premiers à me vendre.

« Mais laissons cela. Tu as choisi ta vie, chère Béatrice, et tu as bien fait, quoi qu’on en dise ici, car papa ne t’a pas pardonné, Mlle Tuache non plus, d’avoir quitté la Quinteharde. Tu dois bien te rendre compte de leur rancune, puisqu’ils ne t’écrivent jamais, pas plus que maman ; mais, elle, c’est pour obéir à Mademoiselle.

« Quant à nos lettres du jour de l’an et de Pâques, à Marie-Louise et à moi, il n’est pas difficile de deviner qu’elles sont rédigées sous surveillance.

« C’est pourquoi, n’ayant personne à qui me confier, je viens à toi, ce soir, car il se passe à la maison des choses qu’on ne nous dit pas. Mais moi, j’écoute aux portes.

« Le soir, quand on croit que nous dormons, ils parlent de leurs affaires. Je laisse Marie-Louise à son sommeil de quinze ans,