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Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/35

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l’hermine passant

pas. Personne ne parle haut chez nous. Mais ce qu’il disait presque bas n’en était que plus affreux. « J’en ai assez de vous tous et de votre cafardise, et de votre séquestration. J’ai compris au régiment qu’on pouvait vivre autrement qu’ici. Béatrice est déjà partie, elle, pas si bête ! »

« Puis il a dit exactement :

« — Pour elle, le couvent était une rigolade, à côté de l’existence qu’on mène ici ! »

« Il ne s’est pas laissé interrompre par les exclamations sourdes. Il a continué :

« — Elle a refusé de se faire abrutir par « l’inconvénient de votre mère », comme dit papa. (C’est vrai que papa continue à désigner Mademoiselle comme ça.) Elle n’a plus voulu passer sa jeunesse à faire du grec et du latin dans la salle d’en bas, ni à réciter par cœur la grammaire héraldique, ni à copier des blasons pour votre armorial, mademoiselle Tuache, qui vous vengez, avec votre manie, d’être de la roture, et fille d’un pauvre héraldiste qui peignait des blasons sur des calèches ! Ah ! ah ! il y a longtemps que je vous ai envoyée promener, moi ! »