Page:Delarue-Mardrus - L’hermine passant, 1938.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
l’hermine passant

temps, et je réponds que ce mariage ira vite.

« Je n’en ai pas écouté plus. J’aurais crié. Je suis retournée dans mon lit en grelottant, et n’ai pas pu fermer l’œil une seconde.

« Béatrice, je viens te supplier : Est-ce que tu ne pourrais pas me faire entrer dans ton couvent, même avant d’être majeure ? Dire que je ne le serai que dans un an ! Tous les jours je guette ce que Mademoiselle va oser me dire. Elle n’a pas encore parlé. Pardonne-moi mes blasphèmes. Je crois que, cette fois, je la tuerai ou que je me tuerai.

« Mais attends ! Ce n’est pas tout. Voici quinze jours, le vrai scandale de Thibault a éclaté. Oh ! sans bruit. Mais j’ai tout surpris encore une fois.

« Il a écrit pour dire que, si on ne lui donnait pas immédiatement une grosse somme d’argent, il épouserait sa créature et se montrerait partout avec elle, au village, à la ville, dans les châteaux, en la présentant comme la vicomtesse Thibault de Bocquensé, ce qui sera vrai, somme toute.

« Ah ! l’histoire ! Maman sanglotait. Mademoiselle marchait de long en large dans