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Page:Delarue-Mardrus - La mère et le fils,1925.djvu/143

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CHAPITRE XV


I l ignorait ce qu’elle avait pu dire chez elle en revenant de son escapade. En vain essayait-il de deviner quelque chose en la scrutant de loin à travers les distances du cirque.

Ils avaient dû la frapper à la tuer, car elle semblait moulue et presque boiteuse. Cependant ils ne soupçonnaient certainement rien de la vérité, car leur attitude restait la même vis-à-vis du jeune écuyer.

Tout le temps que durait le numéro de la petite, comme Irénée la regardait, à présent !

Lié à elle, non par ce premier baiser, mais par ce soufflet qu’il lui avait donné, désormais il savait qu’elle était à lui.

Ce n’était qu’une chétive créature sans beauté, sans grâce, sans culture, sans avenir. Son seul petit charme était d’être malheureuse et naïve et d’avoir un regard d’abandonnée qui fendait le cœur. Mais justement parce qu’elle était cela, rien que cela, le farouche petit la sentait sa propriété, sa chose, sa proie consentante. Personne n’essaierait de la lui prendre. Il était le maître unique de cet être humain, comme jamais il ne serait le maître même de son cheval le mieux maté ; car toujours le cheval se défend sourdement contre le cavalier.