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nouvelles. Une allégresse grandissante s’exaltait, à mesure que les jours allongeaient. Aurore hâtive, couchant en retard, la nuit semblait reculer devant l’envahissement de la lumière. « Joie ! Joie !… » criaient le ciel et la terre. « Espoir ! Espoir !… » répétaient les feuilles commençantes.

Les marronniers du parc fulguraient déjà, de toutes leurs fleurs qui ressemblent à des flambeaux ; les lilas préparaient leurs belles grappes odoriférantes ; dans l’ombre mauve du sous-bois, des petites corolles s’ouvraient par terre, comme des yeux ; un bourdon passant jetait son étincelle et son ronflement de fronde ; les derniers bourgeons, roulés comme des cornets, se développaient, abandonnant tout ; des nuages de plus en plus lumineux parcouraient le ciel de plus en plus bleu ; l’air tiédissait, l’herbe montait ; et, tous à la fois, sans jamais s’arrêter, toujours plus fort, exaspérés de bonheur, étourdissants, fatigants, obsédants, les oiseaux chantaient.