En redescendant, elle dit :
— Nounou, je voudrais aller en ville, aujourd’hui, pour acheter un cadre.
On emporta les photographies. Le cadre choisi, la petite y glissa celle qu’elle aimait le mieux. Et le soir, en rentrant, elle posa cela sur sa table, à la tête de son lit.
Ironique portrait, image cruelle d’un bonheur qui n’avait pas duré !
Tandis que la fillette contemplait, toute l’amertume refoulée dans sa petite âme remontait avec force, empoisonnant le printemps, empoisonnant l’enfance.
Toutoune était née courageuse… Mais ce portrait, ce crève-cœur, c’était vraiment trop pour elle. Ce portrait la bafouait, ce portrait la détraquait.
Son exaltation printanière parut tomber peu à peu. Les bonds dans le parc, les longues sorties à bicyclette, toute cette danse du renouveau s’apaisa.
Les après-midi, la nourrice, en la cherchant, la retrouva plus d’une fois dans sa