Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monte une mousse haute comme de l’herbe. Même dans la pierre il faut que la Normandie fasse pousser son éternel herbage.

— Je serais peut-être mieux près de la balustrade…

La pelouse à l’abandon, toute décoiffée, est agréable à traverser, dans l’ombre tremblante de ronds de soleil. Une fée a-t-elle laissé dans l’herbe la trace de ses petits pieds lumineux ? Les grillons s’exaspèrent, en bas, jusqu’au bout des horizons ; là-haut toutes les mouches du monde bourdonnent. Les arbres ronflent comme des ruches. L’air du matin porte une petite odeur spéciale qu’on ne retrouve jamais l’après-midi, les couleurs du matin ont des fraîcheurs, des scintillements qui passent avec la journée. Même les bruits sont différents.

Sur la route où ne passe presque jamais rien, Toutoune, arrivée à la balustrade, regarde comme les ombres des arbres sont longues. Il n’y a que le clair de lune qui fasse de si longues ombres. Un nuage tout