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Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/89

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nue sur la terre. Toutoune emmitouflée alla visiter les aspects nouveaux du dehors, les pommiers en sucre candi, l’herbe givrée, tous les clinquants de l’hiver.

Au bord de la mare prise d’un seul bloc, elle eut d’assez étranges petites pensées. Le spectre de Marie Gautrin venait peu à peu reprendre sa place au manoir, dans le parc, le long des prés, au tournant des routes. Les messieurs et les dames de Gourneville réapparurent dans les rêveries de l’enfant délaissée.

Mais la neige et ses amusements prodigieux finirent bien par forcer la petite figure à rire. Toutoune fit un bonhomme dans l’avenue de hêtre. Elle se battit à coups de grosses boules blanches avec le jeune valet de la ferme. Et même, sur la mare hantée, elle organisa des glissades.

Vigoureusement, le manoir d’hiver reprenait ainsi possession de sa frêle habitante, encore que le soir la vît, assise au coin de la