Page:Delarue Mardrus - L’Ex-voto, 1927.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205

— Y porte son père, qu’on croirait l’voir ! Ça m’en a fait frayeur, j’vous assure !

Lauderin, tout en riant de la bonne plaisanterie, fronçait le front en écoutant cela. Le ton badin avait vite changé. Un certain tremblement dans la gorge, qui s’enrouait un peu, lui faisait peur malgré lui.

Quand Ludivine se tut, il la regarda longtemps fixement. Alors audacieuse jusqu’à la folie, avec le vertige de l’abime, délicieusement, dans tous ses membres :

— N’est-ce pas, Maurice, que c’est vrai, tout c’que j’raconte ?…

Et, stupéfiant de sang-froid, le petit frère haussa les épaules en disant :

— L’écoutez pas ! Elle a des illusions. Si vous voulez la croire, vous avez pas fini, bien sûr ! On a été chez l’médecin, elle et moi, et pis v’là tout !

Et tandis qu’avec un soupir délivré Lauderin retombait sur les coussins de la voiture, comme, la côte terminée, le cheval se mettait au trot, Ludivine renversa sa tête vers le ciel, avec des éclats de rire qui n’en finissaient plus.