Page:Delassus - L'américanisme et la conjuration antichrétienne, 1899.djvu/351

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sincères et honnêtes, désirant promouvoir les intérêts de l’Eglise ; mais je dois avouer qu’ils font preuve d’un manque d’équilibre et de sens commun vraiment pitoyable, et que les résultats de leur propagande jusqu’ici sont loin d’être satisfaisants.

» Lorsque vous m’interrogez, continue l’ecclésiastique romain à son interlocuteur, au sujet du véritable américanisme, l’américanisme américain, vous entrez sur un terrain dangereux. Qu’est-ce que le véritable américanisme ? Un compromis avec les protestants. Mais dans quel sens ? Je sais que l’on a laissé passer aux Etats-Unis, sans les condamner, une foule de choses qui n’auraient pas été tolérées ailleurs. Il y a une tendance, çà et là, d’aller aux extrêmes limites de la complaisance pour ne pas offenser les protestants, pour gagner leur faveur, pour montrer la générosité des catholiques. Quelques prêtres font chanter des hymnes protestantes dans leurs églises. Pendant la récente guerre, un prêtre, au moins, a prêché à un service religieux conduit par un ministre protestant. Les décisions pontificales au sujet des francs-maçons n’ont jamais été mises à exécution par beaucoup de confesseurs. Mais en admettant tout cela, il n’est pas prouvé que les autorités aient approuvé de telles pratiques ou les aient même tolérées.

» Quant aux relations entre l’Eglise et l’Etat, je sais que beaucoup de journaux ont parlé sur ce sujet comme si le système américain était le plus désirable pour tous les pays du monde. Les journalistes ont tort, cela va de soi, mais ils sont trop occupés pour être de bons théologiens ou des canonistes distingués. Le jour où un certain nombre d’évêques ou même de prêtres proclameront que l’Église catholique n’a aucun droit à la reconnaissance et à l’appui de l’Etat, il faudra examiner leur orthodoxie. Dans tous les cas, Léon XIII a parlé très clairement sur cette question. Les pays catholiques doivent se conformer au principe de l’union de l’Eglise et de l’Etat. Dans les pays protestants, l’Eglise a le même droit inhérent à son caractère. Elle ne pourra jamais reconnaître, et elle ne reconnaîtra jamais qu’elle n’a droit qu’à la même position que celle qui est reconnue aux sectes. Elle ne peut pas