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frapper au plus haut degré l’imagination de l’homme par leur grandeur et leur beauté, étaient assurément les révolutions des corps célestes. Ce furent, en effet, les premiers objets de la curiosité humaine, et la science qui se propose de les expliquer a dû être nécessairement la première branche de philosophie qu’on ait cultivée : c’est pourquoi Smith commença ses recherches par l’histoire de l’astronomie. Mais si nous avons insisté aussi longuement sur les prolégomènes de cette étude, nous ne nous arrêterons pas à l’examen de l’étude elle-même. Nous avons voulu montrer la méthode employée ici par Smith et rendre sensibles les diverses parties de son plan, mais nous ne dirons rien de l’histoire même des systèmes, qui est inachevée et souvent peu digérée. Les éditeurs des Essais philosophiques ont tenu d’ailleurs à prévenir le lecteur qu’il doit considérer cet écrit, non comme une histoire ou un précis de l’astronomie jusqu’à Newton, mais plutôt comme « un nouvel exemple propre à jeter du jour sur les principes d’action qui existent dans l’esprit humain et dans lesquels M. Smith trouvait les vrais motifs de toutes les recherches philosophiques ».


Nous dirons peu de chose aussi de l’Histoire de la physique ancienne. Après s’être occupée à ranger et à soumettre à un ordre méthodique le système du ciel, la philosophie, selon Smith, descendit de cette hauteur pour contempler les parties inférieures de la nature, la terre et les corps voisins qui l’entourent. Elle se trouva alors en présence d’une multitude de corps et de phénomènes divers. Dans le ciel, elle n’avait eu à considérer qu’un petit nombre d’espèces, le soleil, la lune, les planètes, les étoiles. Sur la terre, elle avait à étudier les phénomènes de l’air, les nuages, l’éclair, le tonnerre, les vents, la pluie, la neige, puis les minéraux, les plantes, enfin les animaux dont les espèces sont si diverses. « Si donc l’imagination, dit l’auteur[1], en contemplant les apparences célestes, éprouvait souvent beaucoup de perplexité et se sentait brusquement écartée de sa marche naturelle, elle devait être bien plus exposée à ce sentiment pénible lorsqu’elle dirigeait son attention sur les objets terrestres et

  1. Hist. de la physique ancienne (Essais, t. II, p. 4)