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Page:Delatour - Adam Smith sa vie, ses travaux, ses doctrines.djvu/142

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politique, n’est pas, à proprement parler, un traité d’économie politique ; il ne faut pas qu’on s’y méprenne, et que, partant d’une fausse idée de son œuvre, on vienne reprocher à l’illustre philosophe écossais d’avoir mal présenté ses idées, d’avoir choisi un plan absurde et surtout d’avoir, au début même de la science, amené une confusion fâcheuse dans les esprits, en juxtaposant dans son livre les doctrines de l’économie politique qui est une science, et les applications de la politique que l’on doit considérer comme un art. En considérant sous cet aspect la suite des développements qui y sont présentés, on en saisira plus facilement toute la portée ; on verra mieux l’enchaînement des travaux de Smith, l’empreinte de son esprit étendu, on sentira battre son cœur ; on comprendra qu’il n’étudiait, pas seulement la science pour la science, mais que son principal objet était de contribuer, le plus directement possible, au soulagement de l’humanité ; on s’expliquera alors tous ces atermoiements, toutes ces concessions, qu’on a reprochés si souvent au maître comme des contradictions, comme des défauts de logique, qu’on ne doit pas rencontrer en effet dans un traité d’économie politique, mais qui trouvent parfaitement leur place dans cet admirable fragment de l’Histoire de la Civilisation que Smith avait rêvée.


Toutefois, nous devons nous borner ici à exposer les plus importantes des doctrines économiques auxquelles Smith a donné son nom ou l’appoint de son autorité ; nous serons même forcé d’abandonner l’ordre dans lequel elles sont exposées, et de chercher à leur donner, dans l’intérêt des controverses qu’il y aura lieu parfois de signaler et de discuter, un groupement plus scientifique.

De nos jours, on classe généralement les lois et les phénomènes de la richesse en quatre groupes, suivant qu’ils ont trait à la production, à la circulation, à la répartition ou à la consommation.

Cette classification n’a pas été faite par Smith et elle ne pouvait l’être, car, d’une part, elle suppose déjà un certain degré d’abstraction qu’il n’est pas possible d’atteindre à l’origine même de la science, et, d’autre part, cette division, très utile dans un traité didactique, n’aurait pu se prêter à une étude