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Page:Delatour - Adam Smith sa vie, ses travaux, ses doctrines.djvu/169

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entière, et elle a une très grande importance. Il est, en effet, d’une utilité incontestable, que la nation, comme l’individu, puisse comparer la part de ses capitaux fixes à celle de ses capitaux circulants. L’outillage national, comme celui d’un particulier, ne doit pas être en disproportion avec les ressources, et un pays doit éviter d’immobiliser une trop grande portion de l’ensemble de son capital : les nations, aux époques mêmes de prospérité, doivent se tenir en garde contre une pareille tendance, désastreuse pour leurs finances et pour le développement de la production qu’on prétend favoriser de la sorte.


Ainsi, si le travail est le facteur de la production, le capital en est l’instrument puissant. Mais il ne prête pas toujours au travail un concours également efficace, suivant les différentes industries. « Quoique tous les capitaux, dit Adam Smith[1], soient destinés à l’entretien du travail productif seulement, cependant la quantité de ce travail que des capitaux égaux sont capables de mettre en activité, varie extrêmement d’après la nature différente de l’emploi qu’on leur donne, et il y a la même variation dans la valeur que cet emploi ajoute au produit annuel des terres et du travail du pays. »


L’auteur des Recherches distingue à cet égard quatre manières différentes d’employer un capital :

1° En fournissant à la société le produit brut qu’il lui faut pour son usage et sa consommation annuelle : c’est le cas de l’industrie agricole, dans laquelle il comprend les travaux des mines, la chasse et la pêche ;

2° En manufacturant et préparant ce produit brut pour qu’il puisse immédiatement servir à l’usage et à la consommation : c’est l’objet de l’industrie manufacturière ;

3° En transportant le produit brut et le produit manufacturé des endroits où ils abondent à ceux où ils manquent (commerce en gros) ;

4° Enfin, en divisant des portions de l’un et de l’autre de ces produits en parcelles assez petites pour pouvoir s’accommoder

  1. Rich., liv. II, ch. V (t. I, p. 450).