Page:Delatour - Adam Smith sa vie, ses travaux, ses doctrines.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Haute Église, devait reprendre dans la suite et continuer pendant vingt-quatre hivers, à l’Université de Saint-André, ces cours de rhétorique qu’avait inaugurés Adam Smith. Son aimable simplicité lui gagna leurs cœurs et chacun d’eux tint à rester de ses amis.


Bien que Smith ne comptât jamais sur sa mémoire et que toutes ses conférences aient été écrites, au moins en substance, il ne nous en reste malheureusement rien. Nous savons seulement que l’auteur avait réuni ses leçons en un Traité qu’il se proposait de publier, et Hugh Blair en a dit quelques mots dans une note de ses Lectures on the Rhetoric and Belles Lettres, qui parurent en 1783 : « En traitant, écrit ce prélat[1], des caractères généraux du style, et en particulier du style simple, et en rangeant les auteurs anglais sous certaines classes relatives à cet objet, j’ai emprunté plusieurs idées d’un traité manuscrit sur la rhétorique, de M. Adam Smith. Une partie de ce manuscrit me fut communiquée, il y a plusieurs années, par son ingénieux auteur, et il y a lieu d’espérer qu’il le publiera en entier. » Mais, après l’ouvrage de Blair, qui était le couronnement de toute une vie de professorat sur la matière, le Traité de Smith eût nécessairement paru un peu vieilli ; il n’était d’ailleurs plus nécessaire, et, dans ces conditions, il n’aurait pu que nuire à la réputation de l’auteur. Le philosophe écossais s’en rendit compte et nous ne pouvons trop l’en blâmer : il eut en effet la modestie et le bon sens de reconnaître que ce qu’il aurait voulu dire était déjà dit et bien dit, et il renonça à son dessein. On ne peut cependant que regretter, au point de vue historique et documentaire, la destruction de ces papiers qui auraient permis de suivre, d’une manière fort intéressante, la marche de cet esprit supérieur depuis ses premiers travaux.

Smith resta ainsi trois ans à Édimbourg, où sa mère l’avait suivi. Sa réputation de « lecturer », son affabilité et aussi l’amitié

  1. Cours de Rhétorique et de Belles-Lettres, par Hugh Blair, traduit de l’anglais par Pierre Prevost. Paris, 2e édition. Delalain, 1821, 2 vol. in-8.