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intrinsèque sous un faible volume, et surtout parce que leur valeur est peu sujette à des variations subites. Bientôt même, pour éviter de peser, lors de chaque échange, les métaux donnés comme prix, et surtout pour ne pas avoir à les éprouver, ce qui était une opération fort difficile, on en arriva à l’institution du coin, dont l’empreinte, couvrant entièrement les deux côtés de la pièce et quelquefois aussi la tranche, certifia non seulement le titre, mais encore le poids du métal.

C’est ainsi que Smith expose l’origine de la monnaie, et, par cet historique même, il réduit à néant le système mercantile qui considère que toute la richesse consiste dans le numéraire, en même temps que les théories de ceux qui, tombant dans l’excès opposé, ne veulent voir dans les espèces métalliques qu’un pur signe. — Comme l’a fort bien démontré le célèbre économiste, les métaux précieux sont une marchandise comme les autres, qui a été choisie comme instrument général des échanges à cause de ses qualités particulières, mais qui n’en est pas moins soumise aux lois qui régissent l’échange : ce n’est pas seulement une mesure de la valeur de la marchandise échangée, c’en est encore un équivalent réel. La seule monnaie qui ne possède pas sa valeur en elle-même est le billon, employé pour les paiements minimes parce qu’on n’a pu trouver une denrée qui, sous un faible volume, ait une valeur intrinsèque égale à la valeur nominale qu’on voulait lui donner ; et d’ailleurs, cette exception même a peu d’importance, car il ne s’agit que d’une monnaie d’appoint dont les débiteurs ne peuvent généraliser l’usage. — D’autre part, si la monnaie est une marchandise, elle n’est pas la seule marchandise qui possède une valeur ; elle sert à comparer la valeur des diverses denrées, elle ne la constitue pas, et l’auteur a montré comment la valeur existe indépendamment de toute monnaie servant à l’exprimer.

En ce qui concerne l’intervention de l’État dans la fabrication de la monnaie, le Dr Smith constate que l’ingérence du souverain dans la frappe a servi généralement de prétexte à des altérations des métaux ; il s’indigne en signalant la cupidité et l’injustice des gouvernements qui, abusant de la confiance des sujets, ont réduit la quantité de métal des monnaies pour masquer une banqueroute à l’égard de leurs propres créanciers, sans