Aller au contenu

Page:Delaunay - L Enlevement de Celine.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 60 —

Cependant la bêche allait retomber sur elles, quand sur ces entrefaites arriva la dame du logis qui ordonna de laisser les violettes.

Les pauvres petites, heureuses d’échapper à la mort, envoyèrent à leur protectrice leur parfum en signe de reconnaissance.

Puis, s’ébattant joyeusement sur le gazon, diaprant la verdure de leurs nuances chatoyantes, elles se cachaient dans l’herbe, frileuses et craintives, pour se préserver de la froidure d’une nuit d’avril.

À l’aurore, elles babillaient entre elles, riaient et folâtraient au souffle de la brise. Heureuses du présent, insouciantes de l’avenir, elles croissaient là, n’enviant rien au monde et ne demandant à Dieu qu’une goutte de rosée, qu’un doux rayon de soleil.

Bientôt elles virent les roses ouvrir leurs frais calices, et le lis éblouissant de blancheur s’éleva majestueusement au-dessus d’elles.

Puis les brillants papillons vinrent courtiser toutes ces fleurs. Mais les pauvres violettes avaient