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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/105

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Épilogue


 
De l’antique élégie, allez, filles nouvelles,
Vous dont la voix chanta la Liberté
Sur les ruines éternelles
Où de son ombre encor plane la majesté.
Allez, hâtez-vous, le temps presse ;
Ce fanatisme ardent qui menace nos droits,
Il marche, il court, il peut vous gagner de vitesse ;
En frappant la pensée avec le fer des lois.
Que si je n’avais craint de vous voir prisonnières,
Deux compagnes auraient encor,
Pour s’unir à vos chants, retardé votre essor :
Allez ; peut-être, hélas ! serez-vous les dernières !

Célébrez l’Italie : ah ! qui verra jamais
L’azur de son beau ciel sans vanter ses attraits !
Qui ne cède aux transports d’une lyrique audace
Sur ces bords que les dieux se plaisaient à fouler,
Où des mêmes zéphyrs qui parfumaient leur trace
Le souffle harmonieux semble encor exhaler
Les sons du luth divin de Virgile et d’Horace !

Mais sur ces bords charmants caressés par les mers,
Sur ces tombeaux romains que la mousse a couverts,
Comme aux lieux où Venise expire,
L’esclavage hideux s’entoure de déserts.
Au murmure éternel des eaux et du zéphire
Il mêle, en gémissant, le bruit sourd de ses fers,
Et son haleine impure aux parfums qu’on respire.
Dans quelque doux climat qu’on se veuille exiler,
On trouve donc partout des tyrans à maudire,
Et des peuples à consoler ?