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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/115

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Que tout soit ébranlé quand sa cendre est émue ?
Elle a tremblé, sa tombe, et le monde remue ;
Elle s’ouvre, et la guerre en sort !

Encore une Sainte-Alliance !
Eh bien ! si son orgueil s’obstine à prévaloir
Contré l’œuvre immortel des jours de délivrance,
Ce que l’honneur voudra, nous saurons le vouloir.
Aux Anglais de choisir ! et leur choix est le nôtre,
Quand nous serions seuls contre tous ;
Car un duel entre eux et nous,
C’est d’un côté l’Europe et la France de l’autre.

Viens, ton exil a cessé ;
Romps ta chaîne, ombre captive ;
Fends l’écume, avance, arrive :
Le cri de guerre est poussé.
Viens dans ton linceul de gloire,
Toi qui nous as faits si grands ;
Viens, spectre que la victoire
Reconnaîtra dans nos rangs.
Contre nous que peut le nombre ?
Devant nous tu marcheras ;
Pour vaincre à ta voix, grande ombre,
Nous t’attendons l’arme au bras !

Partez, vaisseaux ; cinglez, volez vers Sainte-Hélène,
Pour escorter sa cendre encor loin de nos bords ;
Le noir cercueil flottant qui d’exil le ramène
Peut avoir à forcer un rempart de sabords.
Volez ! seul contre cent fallût-il la défendre,
Joinville périra plutôt que de la rendre,
Et dans un tourbillon de salpêtre enflammé
il ira, s’il le faut, l’ensevelir fumante
Au fond de la tombe écumante
le Vengeur s’est abîmé !