D’un peuple heureux l’innombrable concours
S’agitait dans les murs de cette ville immense :
Ses tours bravaient des ans les progrès destructeurs,
Et, fondés par les dieux, ses temples magnifiques
Touchaient de leurs voûtes antiques
Au séjour de leurs fondateurs.
Cinquante fils, l’honneur de Troie,
Assis au banquet paternel,
Environnaient Priam de splendeur et de joie ;
Heureux père, il croyait son bonheur éternel !
Royal espoir de ta famille,
Hector, tu prends le bouclier,
Sur ton sein la cuirasse brille,
Le fer couvre ton front guerrier.
Aux yeux d’Hécube, qui frissonne,
Dans les jeux obtiens la couronne,
Pour en couvrir ses cheveux blancs ;
Du ciel allumant la colère,
Déjà le crime de ton frère
T’apprête des jeux plus sanglants.
Polyxène disait à ses jeunes compagnes :
Dépouillez ce vallon favorisé des cieux ;
C’est pour nous que les fleurs naissent dans ces campagnes ;
Le printemps sourit à nos jeux.
Elle ne disait pas : Vous plaindrez ma misère
Sur ces bords où mes jours coulent dans les honneurs ;
Elle ne disait pas : Mon sang teindra la terre
Où je cueille aujourd’hui des fleurs.
D’un peuple d’exilés déplorable patrie,