L’autre sorti du peuple et garant de ses droits,
Libres et dépendants, offrent au rang suprême
Un rempart contre nous, un frein contre lui-même. »
Vainement la raison vous dicte ces discours ;
L’égoïsme et l’orgueil sont aveugles et sourds :
Cet amant du passé, que le présent irrite,
Jaloux de voir ses rois d’entraves dégagés,
Le front baissé, se précipite
Sous la verge des préjugés.
Quoi ! Toujours des partis proclamés légitimes,
Tant qu’ils règnent sur nos débris,
L’un par l’autre abattus, proscrivant ou proscrits,
Tour à tour tyrans ou victimes !
Empire malheureux ! Voilà donc ton destin !…
Français, ne dites plus : « La France nous est chère ; »
Elle désavoûrait votre amour inhumain.
Cessez, enfants ingrats, d’embrasser votre mère,
Pour vous étouffer dans son sein.
Contre ses ennemis tournez votre courage ;
Au conseil des vainqueurs son sort est agité :
Ces rois qui l’encensaient fiers de leur esclavage,
Vont lui vendre la liberté.
Non, ce n’est pas en vain que sa voix nous appelle ;
Et, s’ils ont prétendu, par d’infâmes traités,
Imprimer sur nos fronts une tache éternelle :
Si de leur doigt superbe ils marquent les cités
Que veut se partager une ligue infidèle ;
Si la foi des serments n’est qu’un garant trompeur ;
Si, le glaive à la main, l’iniquité l’emporte ;
Si la France n’est plus, si la patrie est morte,
Mourons tous avec elle, ou rendons-lui l’honneur.
Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/24
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