Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/26

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Et ne les recevrait que pour les dévorer.

Ah ! Ne l’oublions pas ; naguère, dans ces plaines
Où le sort nous abandonna,
Nous n’avions pas porté des âmes moins romaines
Qu’aux champs de Rivoli, de Fleurus, d’Iéna ;
Mais nos divisions nous y forgeaient des chaînes.
Effrayante leçon qui doit unir nos cœurs
Par des liens indestructibles :
Le courage fait des vainqueurs ;
La concorde, des invincibles.

Henri, divin Henri, toi qui fus grand et bon,
Qui chassas l’espagnol et finis nos misères,
Les partis sont d’accord en prononçant ton nom ;
Henri, de tes enfants fais un peuple de frères.
Ton image déjà semble nous protéger,
Tu renais ; avec toi renaît l’indépendance :
Ô roi le plus français dont s’honore la France,
Il est dans ton destin de voir fuir l’étranger !

Et toi, son digne fils, après vingt ans d’orage,
Règne sur des sujets par toi-même ennoblis.
Leurs droits sont consacrés dans ton plus bel ouvrage.
Oui, ce grand monument, affermi d’âge en âge,
Doit couvrir de son ombre et le peuple et les lis.
Il est des opprimés l’asile impérissable,
La terreur du tyran, du ministre coupable,
Le temple de nos libertés.
Que la France prospère en tes mains magnanimes,
Que tes jours soient sereins, tes décrets respectés,
Toi, qui proclames ces maximes :
Ô rois, pour commander, obéissez aux lois ;
Peuple, en obéissant, sois libre sous tes rois !