Aller au contenu

Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 4, Didot, 1881.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


VII

Lord Byron


 
Non, tu n’es pas un aigle, ont crié les serpents,
Quand son vol faible encor trompait sa jeune audace :
Et déjà sur le dos de ces monstres rampants
Du bec vengeur de l’aigle il imprimait la trace ;
Puis, le front dans les cieux de lumière inondés,
Les yeux sur le soleil, les ongles sur la foudre,
Il dit à ces serpents qui sifflaient dans la poudre :
« Que suis-je ? répondez. »

Tel fut ton noble essor, Byron, et quelle vie,
Vieille de gloire en un matin,
D’un bruit plus imposant, d’un éclat plus soudain,
Irrita la mort et l’envie ?
Par de lâches clameurs quel génie insulté
Dans son obscurité première,
Changea plus promptement et sa nuit en lumière,
Et son siècle en postérité ?

Poètes, respectez les prêtres et les femmes,
Ces terrestres divinités !
Comme dans les célestes âmes,
L’outrage est immortel dans leurs cœurs irrités.
Un temple, qu’on mutile[1], a recueilli Voltaire :
Vain refuge, et l’écho des foudres de la chaire,
Que le prêtre accoutume à maudire un grand nom,

  1. Allusion à l’inscription qui avait été mise sur le fronton du Panthéon, et qu’on venait d’effacer : AUX GRANDS HOMMES LA PATRIE RECONNAISSANTE