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Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/140

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L’Âme du Purgatoire

Venise.


Mon bien-aimé, dans mes douleurs,
Je viens de la cité des pleurs,
Pour vous demander des prières.
Vous me disiez, penché vers moi :
« Si je vis, je prîrai pour toi. »
Voilà vos paroles dernières.
         Hélas ! hélas !
Depuis que j’ai quitté vos bras.
Jamais je n’entends vos prières.
         Hélas ! hélas !
J’écoute, et vous ne priez pas.

« Puisse au Lido ton âme errer, »
Disiez-vous, « pour me voir pleurer ! »
Elle s’envola sans alarme.
Ami, sur mon froid monument
L’eau du ciel tomba tristement,
Mais de vos yeux, pas une larme.
         Hélas ! hélas !
Ce Dieu qui me vit dans vos bras.
Que votre douleur le désarme !
         Moi seule, hélas !
Je pleure, et vous ne priez pas.

Combien nos doux ravissements,