Page:Delavigne - Œuvres complètes, volume 5, Didot, 1881.djvu/142

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Où, sur un lit fait par vos mains,
Ma tête en feu s’est reposée.
Rendez-moi ce lilas en fleurs,
Qui, sur nous secouant ses pleurs,
Rafraîchit ma bouche embrasée.
         Hélas ! hélas !
Venez m’y porter dans vos bras,
Pour que j’y boive la rosée.
         Hélas ! hélas !
J’ai soif, et vous ne priez pas.

Dans votre gondole, à son tour,
Une autre vous parle d’amour ;
Mon portrait devait lui déplaire.
Dans les flots son dépit jaloux
A jeté ce doux gage, et vous,
Ami, vous l’avez laissé faire.
         Hélas ! hélas !
Pourquoi vers vous tendre les bras ?
Non, je dois souffrir et me taire.
         Hélas ! hélas !
C’en est fait, vous ne prîrez pas.

Adieu, je ne reviendrai plus
Vous lasser de cris superflus,
Puisqu’à vos yeux une autre est belle.
Ah ! que ses baisers vous soient doux !
Je suis morte, et souffre pour vous.
Heureux d’aimer, vivez pour elle.
         Hélas ! hélas !
Pensez quelquefois, dans ses bras,
A l’abîme où Dieu me rappelle.
         Hélas ! hélas !
J’y descends, ne m’y suivez pas !