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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/127

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diat, c’est une opposition que comprend et que surmonte la pensée infinie, entendue dans sa véritable nature. C’est-à-dire qu’avant tout on doit distinguer la pensée selon l’entendement de la pensée rationnelle. De la première sortent les déterminations finies et exclusives qui ne peuvent se poser qu’en s’opposant leurs contraires : la pensée vraie, qui est la pensée rationnelle, c’est l’affirmation contenue dans le passage des termes finis aux termes opposés et dans leur conciliation. L’expression pensée infinie peut paraître singulière quand on s’est habitué à considérer que l’essence de la pensée, c’est la pensée, c’est la détermination, la finitude ; mais dans le fond la pensée ne peut être qu’infinie. Car le fini se termine, pour ainsi dire, là où son contraire commence ; tandis que la pensée demeure en elle-même et ne peut avoir de contraire qui l’abolisse même provisoirement. La pensée n’est finie qu’autant qu’elle s’arrête aux déterminations limitées et qu’elle leur accorde la valeur de principes suprêmes. Au contraire, la pensée infinie ou spéculative n’est une pensée déterminée que tout autant qu’elle est en même temps pensée déterminante, pensée dont les déterminations sont ses propres déterminations, — qui par là posant la limite abolit l’imperfection qui lui est inhérente. — Pensée objective, analogue au νοῦς de Platon et à la νόησις d’Aristote, car elle est le principe qui met le monde en mouvement ; mais pensée subjective en ce qu’elle est la source de tout mouvement et en ce qu’elle doit se mouvoir elle-même.