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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/136

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restait indémontrable ; en revanche, ce qui se laissait démontrer rigoureusement, c’était que le contraire est nécessairement un Non-Moi. Le troisième principe, auquel nous arrivons, est, lui, presque susceptible de démonstration parce qu’il est conditionné, non pas dans son contenu comme le second, mais dans sa forme, et qu’il n’est pas déterminé, comme ce dernier, par une, mais par deux propositions. Ces deux propositions impliquent, en effet, un problème qui ne peut être résolu que par une nouvelle action de la raison. Ce problème résulte de la contradiction qu’il y a dans la position d’un Non-Moi par et dans le Moi. Cette contradiction se précise dès que l’on remarque que le Non-Moi ne peut être posé que par rapport à un Moi également posé, que par suite le Moi absolu pose en lui un Moi et un Non-Moi, ou, si l’on veut, qu’il se pose comme l’unité des contraires. La solution de cette contradiction ne peut être au détriment de la vérité des deux premières propositions fondamentales. Autrement dit, si les termes opposés se supprimaient entièrement par leur contradiction même, le résultat serait égal à zéro ; ni le Moi, ni le Non-Moi ne seraient plus posés, ce qui contredirait le premier principe. Il est donc impossible que le Moi et le Non-Moi, produits de l’action originaire du Moi, se suppriment entièrement. Il est également impossible que l’un des termes soit supprimé par l’autre sans contredire l’un des deux principes. Il faut donc que se produise une action dans laquelle se concilient les deux actions précédemment opérées ; une telle conciliation n’est concevable que tout autant que le Moi et le Non-Moi sont représentés comme se limitant réciproquement. Toute limitation est une suppression, non