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Page:Delbos - De Kant aux postkantiens, 1940.djvu/8

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philosophie pratique de Kant » pour ce monumental ouvrage qui n’a d’équivalent sur un tel sujet chez aucun peuple, il avait voulu scruter aussi les courants issus de l’idéalisme transcendental et les diverses répercussions du criticisme sur la spéculation ou même la mentalité germaniques. En profond historien de la philosophie, il savait, en effet, que les systèmes les plus originaux ne naissent pas d’une génération spontanée et qu’en même temps leur fécondité dépend non d’une fidélité littérale, mais des multiples initiatives qui mettent en œuvre des facteurs nouveaux d’où rejaillissent des clartés sur l’inspiration initiale.

Toutefois, ce n’était point seulement pour mieux pénétrer, par rétrospection, l’inspiration profonde du kantisme à travers la dialectique de l’histoire subséquente que Delbos avait poursuivi son investigation parmi la prodigieuse végétation des hautaines spéculations métaphysiques dont il tenait à présenter en toute objectivité les développements. Il apercevait de plus en plus, il prévoyait déjà les conséquences et les abus qui pourraient être tirés de thèses intrépidement déductives et indéfiniment plastiques.

Néanmoins, ce dessein de fournir un exposé tout objectif d’un des mouvements les plus complexes et les plus dialectiquement organisés de la pensée philosophique ne bornait point la visée de Delbos. Nous verrons, en effet, comment, par ses scrupules d’historien, il voulait aussi contribuer au progrès de la vie intellectuelle, à l’élucidation des méthodes propres à la philosophie et à son histoire, travailler ainsi au développement normal de la civilisation. C’est pourquoi il indiquait l’intention de reprendre cette large étude et