nous en avons, dans l’indifférence que nous avons de la connaître ». (VIII, 565.) Le Dieu véritable est le Dieu caché, Deus absconditus (Ibid., 585) ; ou, pour mieux dire, il est caché en partie, et découvert en partie, parce qu’il est également dangereux à l’homme de connaître Dieu sans connaître sa misère, et de connaître sa misère sans connaître Dieu. (Ibid., 586.) « Dieu veut plus disposer la volonté que l’esprit. La clarté parfaite servirait à l’esprit et nuirait à la volonté. » (Ibid., 581.)
Mais ce n’est pas seulement pour cela que les preuves de Pascal se distinguent des preuves philosophiques. Si elles se bornaient à montrer que la Religion chrétienne s’ajuste à notre nature, elles établiraient uniquement que la vérité en est possible. La vérité en est-elle réelle ? Question qui ne peut se décider que par le fait. Or le fait, c’est que les mystères essentiels de la Religion, incompréhensibles en eux-mêmes, et que Jésus-Christ qui en est le sujet ont été annoncés par des prophéties et confirmés par des miracles. Les autres religions n’ont pas de témoins, et leurs livres n’ont aucune autorité parce qu’ils n’ont pas fait la vie spirituelle d’un peuple. Or c’est ce qu’a fait la Bible : la Bible annonce une loi tout à fait rigoureuse qui oblige le peuple juif à mille observations pénibles et particulières, et cette loi se conserve, quoique le peuple qu’elle gouverne la supporte avec impatience : et le témoignage que donne ce peuple à son livre est d’autant plus éclatant que ce livre le condamne. — En outre ce livre annonce par prophétie ce qui s’accomplira par la nouvelle alliance ; et les Deux Testaments se justifient par le fait que le second montre l’avènement de ce que prédit le premier. Mais il est vrai qu’il faut savoir interpréter les prophéties de l’Ancien Testament : elles ont un sens littéral et un sens spirituel ; le premier n’est faux que s’il est pris absolument : il est alors un voile qui obscurcit et aveugle ; c’est celui auquel se sont arrêtés les rabbins ;