ment, tandis que les traditionalistes cherchaient la solution du problème ainsi posé dans une restauration intégrale du catholicisme envisagé tout ensemble comme une foi surnaturelle et comme une organisation puissante, les hommes qui furent les promoteurs de la thèse positiviste prétendaient ne retenir du modèle fourni par le passé historique de l’Église que les éléments temporels et les formes extérieures, en rejetant comme vaines et périmées les données dogmatiques et les préoccupations supra-terrestres.
I
SAINT-SIMON
Au premier rang de ceux qui apportent ainsi à la société la bonne nouvelle est le comte Henri de Saint-Simon (1760-1825). Cet arrière-cousin du fameux duc remplace la vanité des titres nobiliaires auxquels il a un jour pompeusement renoncé par l’orgueil de la mission dont il se juge investi. Pendant un temps il mène de front le trafic, les voyages, les amusements et l’étude, d’ailleurs superficielle, des sciences ; il se lance dans toutes sortes d’aventures qu’il décore ensuite du nom plus honorable d’« expériences ». Il est aventurier dans sa pensée comme dans sa vie. Avec certaines idées fixes, il a une mobilité passionnée d’intelligence qui lui fait accepter successivement sans scrupules tout ce qui peut donner corps et succès à ces idées. Il est à la fois opiniâtre et indiscipliné. Il n’a pour contenir sa fougue de généralisation ni connaissances précises dans le détail, ni souci de preuves rigoureuses. Non qu’il construise absolument dans l’abstrait ; c’est à partir de faits que le plus souvent raisonne, et à partir de faits dont il devine parfois