tent le pour et le contre, et n’a çà et là invoqué des phénomènes que pour les mal voir et les mal interpréter. Pour Pascal, montrer expérimentalement qu’il y a un espace vide, c’est montrer qu’il « n’est rempli d’aucune des matières qui sont connues dans la nature, et qui tombent sous aucun des sens ». (Expériences nouvelles touchant le vide. T. II, p. 73.) Et encore, ajoute-t-il, « mon sentiment sera, jusqu’à ce qu’on m’ait montré l’existence de quelque matière qui le remplisse, qu’il (cet espace vide en apparence) est véritablement vide, et destitué de toute matière. » (Ibid., p. 73.)
Quelles conclusions Pascal tire-t-il de ces premières expériences ? Uniquement celles que ces expériences autorisent, c’est-à-dire sur l’existence du vide, non point encore sur la nature de la force qui suspend le mercure dans le tube. Aussi paraît-il accepter encore le principe traditionnel, que la nature abhorre le vide, mais pour le mettre tout de suite en accord avec ce que les expériences ont établi : la force de cette horreur de la nature pour le vide n’est point telle que le vide ne puisse exister : elle est limitée, et elle n’est pas plus grande pour un grand vide que pour un petit.
Mais si Pascal, avec un admirable sens critique, n’introduit comme vérité nouvelle que juste ce que ses expériences ont fait ressortir, il le défend vigoureusement contre toute objection et toute prévention qui ne peuvent pas se faire juger expérimentalement. Il rencontre dans un Jésuite, le P. Noël, un adversaire qui soutient le plein avec plus d’opiniâtreté dans la thèse d’ailleurs que de constance dans les arguments et qui sur ce sujet, où Aristote et Descartes se trouvent accidentellement et entièrement d’accord, amalgame avec les conceptions péripatéticiennes des conceptions cartésiennes. Or, tout en discutant les théories inconsistantes du P. Noël, il énonce avec une netteté incomparable de pensée et un relief singulier de formules les conditions de la connaissance scientifique et les règles d’une sûre méthode : on ne doit affirmer